StoryBoard vs « au feeling »

Suite à quelques remarques de modèles qui se demande si c’est bien judicieux d’aller faire un shoot avec tel ou tel photographe et aussi suite aux remarques de photographes je vais me fendre d’un petit billet sur la nécessité d’un storyboard lors d’une séance photo.

Commençons par couper court à une idée reçue : Le storyboard bride la créativité.

 – NON ! – NON ! – NON ! – et encore  NON !

Non le storyboard ne bride pas la créativité !

Bien au contraire, il va permettre à tous les acteurs de la séance de pouvoir y réfléchir bien à l’avance, de pouvoir échanger des idées, de pouvoir préparer des matériels, des accessoires auxquels ils n’auraient pas pensé …

Il ne faut pas voir le storyboard comme un carcan ou tout est figé, millimétré, et que le réalisateur n’a plus qu’à suivre. C’est beaucoup plus souple que ça.

Ca sert à quoi de faire un storyboard ?

– En tant que photographe vous aimeriez que votre modèle ne vous dise pas à quoi il ressemble avant de venir ?

– En tant que MUA, vous aimeriez que le photographe ne vous dise pas comment sera le décors, comment seront les lumières avant d’aller maquiller ?

– En tant que modèle, vous aimeriez que le maquilleur ne vous dise pas à quoi vous allez ressembler après le maquillage ?

Ne pas dire, cacher ce que vous avez prévu de faire comme photos/maquillage/etc c’est exactement la même chose, personne n’est sur de rien et hésite donc à s’engager.

Le storyboard est une façon de présenter les idées pour lesquelles vous avez besoin d’un modèle, d’un MUA, d’un assistant, d’un photographe, d’un lieu.

Quand vous préparez une séance photo, vous avez une idée de ce que vous avez envie de faire comme photo/maquillage/pose. Quand vous dites blanc, certains vont penser blanc crème, d’autres blanc titane, d’autres encore à un blanc plus froid. Le storyboard va permettre d’avoir un support pour que tout le monde puisse réfléchir dans le même sens avec le même vocabulaire. Ca améliore la communication, les échanges et donc l’efficacité. Parce que oui, vous devriez échanger avec les autres acteurs de la séance photo : ils apporteront certainement des idées.

Fuyez les « au feeling » !

De mon point de vue un shoot au feeling c’est une séance qui n’a pas été préparée. Les risques sont importants d’avoir un résultat qui ne convient pas, peut être même pas de résultat du tout.

Au feeling c’est le photographe qui ne sait pas du tout ou il s’en va, il ne connait peut être même pas le lieu ou ça se passe, le matériel disponible/utilisé, il compte sur ce qui se passe autour pour espérer avoir un résultat que ceux qui regardent trouveront suffisant pour ne pas lui dire que c’est de la merde.

Au feeling c’est le modèle qui ne sait pas du tout ou il s’en va, il ne sait pas ce qu’on attend de lui/elle ni peut être même poser, il compte sur ce qui se passe autour pour espérer rendre un résultat que ceux qui regardent trouveront suffisant pour ne pas lui dire que c’est de la merde.

Au feeling c’est le MUA qui ne sait pas du tout ou il s’en va, il compte sur son expérience, sur ce qu’il sait faire, sur ce qu’il a appris en cours dans le meilleur des cas et sur ce qui se passe autour pour espérer avoir un résultat que ceux qui regardent trouveront suffisant pour ne pas lui dire que c’est de la merde.

Une séance photo ça se prépare !

Après une entrée en matière ou j’implique tous les acteurs d’une séance photo puisque tous sont concernés, je vais m’attarder un peu plus sur le point de vue du photographe et ce que ça apporte aux modèles.

Comme pour tous les modèles que je croise : une séance photo « au feeling » = risques = next !!!

Pourquoi ?

C’est assez simple et c’est du bon sens : au mieux vous aurez un résultat correct sur un coup de bol, au pire vous tomberez sur quelqu’un qui cherche à se rincer l’œil avec de la chaire fraiche (pour rester sur un scénario ou il ne vous arrive rien physiquement)

Au feeling c’est aussi le risque d’arriver sur un lieu que personne n’a pas repéré et dont vous ne connaissez pas les dangers. Faire des photos avec un modèle lors d’un urbex qu’on ne connait pas c’est prendre beaucoup de risques inutilement pour une probable belle photo.

Mais alors,

Qu’est ce qu’un storyboard ?

Un storyboard comme son nom l’indique raconte une histoire. L’histoire racontée est celle de la séance photo.

La forme :

Le storyboard peut prendre de nombreuses formes différentes.

   Le minimum :

La version minimaliste est l’échange de messages dans une discussion sur une messagerie instantanée.

On peut imaginer un échange de mails aussi pour quelque chose d’un peu plus formel.

Pour des premières séances, qui servent à la rencontre, à la découverte avec des modèles j’utilise beaucoup de format qui est moins lourd à mettre en place : on remonte une discussion et on revoit ce qui était prévu.

Même si vous rencontrez la personne IRL avant la séance, ca prend deux minutes à remettre sur un support commun le contenu de la discussion et ce qui a été prévu. Ca permet à chacun d’être certain d’avoir compris les même choses. Il peut y avoir des illustrations échangées pour lever les ambiguïtés

Quand le projet devient plus important on va passer à une version plus complète.

   Le sérieux :

Pour un projet plus abouti, plus complet ou avec un modèle récurant un storyboard plus construit devient nécessaire.

Pour cela, un système qui va bien pour travailler ensemble, qui fonctionne sur tous les supports (windows/android/ios etc), c’est de travailler à travers un navigateur internet.

J’aime bien le système de tableur de google sheets (https://docs.google.com/spreadsheets) mais ce n’est pas le seul. L’idée est que chacun puisse consulter, modifier, compléter le support facilement, de n’importe ou.

Peut être avez vous d’autres systèmes, ou préférez vous la version offline d’un traitement de texte ou d’un fichier image. L’essentiel est de trouver le support qui vous convient.

Le storyboard n’a pas besoin d’être exhaustif, ce sont les grandes lignes de la séance, l’idée générale.

Voici un exemple d’une version assez sommaire puisqu’il y a un site web qui liste les contraintes à respecter : ici

Le fond :

Dans votre storyboard vous mettez toutes les informations que vous jugez importantes. A vous de voir ce que vous voulez y mettre.

Personnellement dans les derniers que j’ai utilisé, j’y mets beaucoup d’informations. Comme ça, on a tout ce qu’il faut sous la main.

Dans google sheets, on peut ajouter des images pour avoir des aides aux poses et au maquillage :

  • Ca permet au modèle de réfléchir à ce qu’elle sait/peut ou pas faire comme poses, d’en apprendre de nouvelles, d’en apporter de nouvelles.
  • Ca permet au MUA de voir ce qu’on attend de lui/elle.

Petit rappel à ce sujet : copier une photo pour refaire la même chose s’appelle du plagiat et est puni par la loi. Ca concerne, la pose avec ton éclairage, mais aussi le maquillage. Donc les images partagées sont des inspirations seulement. Ca ne doit jamais être considéré comme une image à refaire !!!

Dans votre storyboard vous pouvez aussi ajouter des informations telles que date, heure, adresse du shoot.

Je dirais que plus il y a d’informations, moins vous aurez de surprises le jour J

Quand vous faites un storyboard  dans un fichier (et non juste un échange dans un messagerie) n’oubliez pas de le mettre à jour lors de vos diverses discussions. C’est toujours délicat quand on se souvient d’une discussion mais que le fichier n’est pas à jour.

Le storyboard contient aussi en théorie le moodboard qui vous permet d’échanger avec le MUA et d’indiquer ce que vous cherchez comme maquillage.

Vous pouvez aussi tomber sur des MUA sérieux qui ont déjà des idées de moodboard et qui apportent de très belles idées souvent : ce sont des sortes d’artistes peintres, ils sont très souvent de bon conseils, ne négligez pas leurs avis.

On m’a demandé aussi :

Je suis modèle, pourquoi ferai-je un storyboard ?

En tant que modèle vous avez peut être des besoins pour compléter votre book, ou juste parce que vous avez des idées que vous aimeriez explorer.

Vous ne serez pas la première, vous ne serez pas la dernière à vous adresser à un photographe en lui apportant un storyboard. Ca montre ce que vous voulez faire comme photos, ça montre que vous avez réfléchi à votre projet.

 

Dans tous les cas, contrairement aux idées reçues, le storyboard ne bride pas la créativité. Bien au contraire, il l’exacerbe en laissant au cerveau le temps de revenir sur les idées, de faire des associations, de compléter la réflexion.

Ca montre que ce n’est pas une séance photo pour se rincer l’œil ou de photo pour des filtres instagram.